vendredi 29 janvier 2016

Sandrine Revel et la polémique des nommés pour le grand prix d'ANGOULEME 2016.

« Nous sommes bel et bien présentes ! »

Lauréate du prix Artémisia de la bande dessinée féminine, Sandrine Revel revient sur la notion même de BD féminine et la place croissante des auteures dans le paysage.

 Mais regrette que les médias tardent à s’en apercevoir.

 Ou alors quand les organisateurs du festival d'Angoulême omettent complètement les femmes dans leur sélection pour le Grand Prix...



D’abord, est-ce un sujet de parler de l’apport des femmes dans la bande dessinée d’aujourd’hui ?

 - En fait, c’est quelque chose d’assez subtil, ce débat autour de la présence féminine en BD. Il ne s’agit pas de stigmatiser ou de cloisonner. 
Nous, ce qu’on reproche, c’est le manque de visibilité des femmes auteures de BD, alors même qu’elles sont présentes.
 Pas aussi nombreuses que les hommes sans doute, mais bel et bien présentes. 
 Même si on a tendance à nous cantonner à la couleur ou à la jeunesse. Le souci, c’est que les médias ont plus tendance à mettre en avant le travail d’auteurs masculins. 
Et la controverse liée à l’absence de femme dans la sélection pour le Grand Prix d’Angoulême n’a fait que cristalliser notre agacement. 
Car l’urgence de se manifester était là depuis un moment, il y avait une forme de ras-le-bol de notre part, surtout quand on nous appelle pour participer à une expo sur «  La BD des filles ».
 Comme si c’était un genre narratif.


Comment expliquer le surgissement tardif des femmes dans la BD franco-belge ?

D’abord parce que les éditeurs ont eux-mêmes tardé à ouvrir la porte au lectorat féminin. Ce qui ne veut pas dire que, parce qu’on parle de lectorat féminin, il faut faire forcément dessiner une femme d’ailleurs. Mais en revanche éviter que la représentation des personnages féminins relèvent purement du fantasme masculin, les hommes avaient quand même tendance à ne dessiner que des pin-up ! Afficher l'image d'origine
Croyez-vous au concept de l’écriture féminine ?

Certainement pas. La création, qu’elle soit le fait des hommes ou des femmes, ne doit pas être liée à un genre narratif. Depuis 20 ans que je dessine, je dessine ce que je suis. Certes, je suis femme, mais pas que ça. J’ai le goût de la liberté de penser, d’être, je ne supporte pas les injustices… je suis tout ça aussi, et ça se retrouve dans mes albums. Du reste, je pourrais citer des auteurs masculins dont la sensibilité pourrait être cataloguée de féminine. Et des femmes au dessin très rude et agressif, mais devrait-on pour autant le qualifier de masculin ?
Quand Claire Brétécher a sorti les Frustrés, elle a vraiment proposé quelque chose de différent .Et quand la BD s’est ouverte à d’autres domaines, le roman graphique, l’enquête, le reportage, etc., les auteures ont eu plaisir à s’y engouffrer. Les hommes aussi d’ailleurs.
Alors la BD, finalement, c’est un milieu sexiste ?

C’est un milieu encore très mec, c’est sûr, mais plutôt bienveillant. En tout cas quand on se retrouve entre potes auteurs.
 Moi, une fois encore, ce qui me dérange, c’est la visibilité.
 Si on s’adresse à un homme, on ne lui parlera jamais de sa place en tant qu’auteur masculin.
 Hé bien on attend la même chose à notre égard. 
Aux Etats-Unis, il n’y a absolument pas ce phénomène-là. 
Mais c’est tellement lent de faire bouger les choses ici ! Afficher l'image d'origine

source:l'EST Républicain

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